Un ancien tunnel ferroviaire scellé sous Marseille pourrait être ouvert au public

Sous la ville se cache une galerie oubliée, une artère souterraine qui a façonné des décennies de déplacements. Depuis des années, le public n’y a plus accès, mais l’idée d’une réouverture gagne du terrain. Entre patrimoine industriel et nouvel usage urbain, ce lieu pourrait devenir un symbole de renouvellement. Et si Marseille se dotait d’un espace singulier, à la fois mémoire et destination contemporaine ?

Sous nos pieds, un héritage industriel

Creusé pour relier des quartiers et fluidifier la logistique ferroviaire, le tunnel a longtemps été un couloir stratégique. Au fil du temps, les trains ont cessé de circuler, et les accès ont été scellés. Reste une infrastructure robuste, voûtée, avec ses pierres patinées et ses rails fantômes qui affleurent encore par endroits.

« C’est un morceau d’histoire urbaine, un dispositif d’ingénierie qui en dit long sur l’ambition d’une époque », confie une urbaniste de la métropole. Cette mémoire technique fascine autant qu’elle interpelle, car elle interroge notre rapport au souterrain.

Entre patrimoine et usage contemporain

Plusieurs scénarios se dessinent, chacun avec ses forces et ses limites. Certains rêvent d’un parcours patrimonial, d’autres d’une voie douce pour piétons et vélos. On évoque aussi des expositions immersives, des performances artistiques, ou des ateliers pédagogiques sur l’écologie et la ville.

Un ingénieur spécialisé en ouvrages enterrés prévient : « Il faudra une rénovation sévère, du drainage aux ventilations, en passant par le contrôle des voûtes. » Les attentes sont élevées, et la réussite dépendra d’un équilibre entre sécurité, financement et expérience pour le public.

Scénarios à l’étude: comparatif synthétique

Option Coût estimé Impact touristique Contraintes majeures Délai plausible
Voie verte piéton-vélo Moyen Moyen Sécurité, éclairage, évacuation 2-3 ans
Parcours patrimonial guidé Faible à moyen Fort Flux limité, médiation 1-2 ans
Espace culturel immersif Élevé Très fort Technique, scénographie, bruit 3-5 ans
Lieu d’événements ponctuels Moyen Variable Autorisations, acoustique 2-3 ans

Chaque piste suppose une gouvernance claire et une programmation solide. Les retombées peuvent être significatives, à condition d’éviter l’effet vitrine et de penser l’usage au quotidien.

Sécurité et accès: conditions non négociables

Le souterrain exige des règles strictes. Ventilation, signalétique, issues de secours et gestion des flux sont incontournables. Les normes incendie et la résistance des structures guideront l’ensemble du projet.

Un responsable technique rappelle : « On ne plaisante pas avec la sécurité, surtout dans un tunnel ancien. » Cela implique des capteurs, un entretien régulier, et une formation du personnel. La ville devra aussi penser l’accessibilité pour tous, sans sacrifier l’authenticité des lieux.

  • Priorités opérationnelles: diagnostic structurel, traitement des eaux, éclairage à faible consommation, contrôle des nuisibles, plan d’évacuation redondant, et dispositif d’assurance adapté.

Un projet à l’épreuve du réel

Le financement reste le nerf de la guerre. Subventions publiques, mécénat, billetterie et partenariats privés s’entremêleront probablement. « Il faut un modèle économique réaliste, pas un gouffre budgétaire », insiste un conseiller municipal. La transparence sur les coûts et les étapes sera un gage de confiance.

Sur le calendrier, les études préliminaires pourraient durer plusieurs mois, avant des travaux échelonnés par phases. Une ouverture partielle, sur un tronçon sécurisé, permettrait de tester la fréquentation et l’acceptabilité locale. Les riverains, eux, attendent des garanties sur le bruit, la propreté et la circulation en surface.

Ce que cela changerait pour Marseille

Au-delà de l’effet waouh, l’ouverture d’un tel lieu incarnerait une façon d’habiter la ville autrement. On y verrait une nouvelle couture urbaine, reliant des quartiers et forgeant un récit commun autour du passé et du présent. Une étudiante en architecture témoigne : « Explorer ces volumes cachés, c’est toucher du doigt l’âme invisible de la ville. »

L’attractivité touristique bénéficierait d’un site distinctif, tandis que les habitants gagneraient un espace tempéré, propice aux mobilités lentes et à la découverte. Le tunnel deviendrait un laboratoire de pratiques culturelles, un refuge climatique, et un marqueur de résilience urbaine.

Reste à tenir la promesse sans dénaturer l’esprit des lieux. Avec une approche mesurée, des choix inclusifs et une médiation exigeante, Marseille pourrait transformer une cicatrice souterraine en ressource partagée, entre fraîcheur minérale et pulsation citadine. Comme le dit un habitant du secteur : « On veut un projet utile, pas un décor. Si c’est bien fait, on sera fiers d’y descendre. »