Avec la flambée des prix de l’électricité et du gaz, le chauffage au bois est revenu en force dans de nombreux foyers français. Poêles, inserts, cheminées traditionnelles : en 2024, près de 7 millions de logements en France étaient partiellement ou totalement chauffés au bois. Mais à l’approche de l’hiver 2025, une série de nouvelles obligations entre en vigueur — et peu de particuliers semblent au courant.
Entretien, ramonage, contrôle des émissions : les nouvelles normes sont plus strictes que jamais, et les contrevenants s’exposent désormais à des sanctions renforcées. Pourtant, beaucoup continuent de penser que deux coups de balai par an suffisent.
Des règles durcies pour des raisons sanitaires… et climatiques
Depuis janvier 2025, un décret issu de la loi Climat et Résilience impose des obligations précises et uniformisées à l’échelle nationale. L’objectif : réduire les émissions de particules fines, issues en grande partie du chauffage au bois domestique.
« Contrairement à une idée reçue, le bois n’est pas un chauffage propre s’il est mal utilisé. Mauvais entretien = pollution élevée, risque d’incendie et danger sanitaire », rappelle Nicolas Bouniol, maître ramoneur à Clermont-Ferrand.
En Île-de-France, par exemple, le chauffage au bois représente près de 50 % des émissions de particules PM2.5 en hiver, devant le trafic routier. Une réalité peu connue, mais prise très au sérieux par les autorités.
Ce qui change concrètement en 2025
La nouvelle réglementation renforce les obligations sur plusieurs points. Et ce n’est pas une simple formalité : le non-respect peut désormais entraîner des amendes pouvant aller jusqu’à 450 €, et invalider une assurance en cas de sinistre.
Voici la seule liste à connaître pour être en règle :
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Ramonage obligatoire 2 fois par an, dont une pendant la période de chauffe. Fait par un professionnel certifié, avec attestation écrite.
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Entretien complet du poêle ou de l’insert une fois par an : nettoyage, vérification des joints, des conduits et de la combustion.
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Installation d’un système d’évacuation conforme (tubage, normes NF DTU 24.1) pour les appareils posés avant 2000.
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Vérification des émissions de particules pour les poêles récents : seuls les appareils labellisés « Flamme Verte 7 étoiles » seront autorisés à l’installation.
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Interdiction de brûler certains types de bois (meubles, bois traités, bois verts), sous peine de contravention.
Autrement dit : le simple fait de posséder une cheminée ne vous dispense plus de suivre des règles précises, vérifiables et documentées.
Des contrôles de plus en plus fréquents
Si l’application de ces mesures a longtemps été laxiste, 2025 marque un tournant. Les préfectures et les services municipaux annoncent une intensification des contrôles, notamment dans les zones urbaines et les départements sensibles à la pollution hivernale.
Certains syndics d’immeubles, dans les résidences avec cheminées collectives, imposent désormais la présentation de l’attestation de ramonage pour chaque occupant concerné.
Des compagnies d’assurance ont aussi revu leurs conditions : en cas d’incendie lié à une cheminée non entretenue, elles peuvent refuser de couvrir les dégâts si l’entretien annuel n’a pas été effectué.
Un coût… mais aussi des économies à long terme
Faire venir un ramoneur deux fois par an représente un coût, certes. En moyenne, comptez entre 60 et 90 € par intervention, selon la région. Mais ne pas le faire peut coûter bien plus cher.
Un conduit encrassé augmente la consommation de bois, diminue le rendement de l’appareil, et multiplie par 5 le risque d’incendie domestique.
« Une cheminée mal entretenue, c’est comme rouler avec des pneus lisses. Ça fonctionne… jusqu’à ce que ça dérape. », prévient le capitaine Dufour, pompier en Haute-Savoie.
De plus, les poêles performants, bien entretenus, permettent de faire 20 à 30 % d’économies de bois sur l’année, selon l’Ademe. Ce n’est pas négligeable quand les stères dépassent 100 € dans certaines régions.
Beaucoup l’ignorent… mais cela ne les protège pas
La majorité des particuliers ne connaissent pas les détails de la loi. Pire : certains pensent encore qu’un “ramonage maison” à la brosse suffit. C’est faux.
Seul un professionnel certifié peut délivrer une attestation valable en cas de contrôle ou d’incident. Et depuis 2025, ces documents peuvent être demandés à tout moment par la mairie, l’assureur, ou les pompiers après une intervention.
Conclusion : un petit geste, mais une grande responsabilité
Le chauffage au bois reste une solution économique et écologique… à condition d’être bien encadrée. Avec les nouvelles règles de 2025, il ne suffit plus d’allumer un feu et d’ouvrir la fenêtre.
Entretenir son installation, c’est protéger sa maison, sa famille, son voisinage — et l’air que l’on respire.
Et au final, mieux vaut sortir 80 € une fois de plus… que perdre tout en cas de sinistre.